Espace Schengen / Frizio / Adobe Stock

Immigration, cause d’une entrée partielle de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen

Immigration, cause d’une entrée partielle de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen

Ils étaient prêts à rejoindre l’espace Schengen depuis 2011. Les Bulgares et Roumains font depuis dimanche partie de la zone de libre échange. Une intégration néanmoins partielle qui se limite aux voies aériennes et maritimes. Pour l’ouverture des frontières terrestres, aucune date n’a encore été fixée. En cause : la réticence de l’Autriche qui se plaint de devoir gérer seule l’immigration illégale le long de la route des Balkans. 

L’admission partielle de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen a été votée à l’unanimité par le Conseil européen le 31 décembre 2023, après de multiples négociations. Les deux pays ont dû démontrer des efforts significatifs dans la lutte contre l’immigration irrégulière. La Commission européenne a également joué un rôle clé en lançant avec eux deux « projets pilote pour des procédures d’asile et de retour » en mars 2023.

Ces programmes expérimentaux se sont articulés sur trois axes. D’abord, le développement des procédures dites « accélérées », qui sont des mécanismes dérogatoires et rapides pour les demandeurs d’asile dont les requêtes semblent manifestement infondées. Elles s’appliquent lorsque, à première vue, la personne semble ne pas avoir besoin de protection. En Bulgarie, dans le centre de Postragor, à proximité de la frontière bulgaro-turque, trois-quarts des demandes d’asile ont été rejetées ainsi. Le second objectif vise à favoriser les retours en augmentant l’aide versée aux personnes qui acceptent de quitter le territoire et en améliorant les processus de renvois forcés. Le troisième axe se concentre sur le renforcement des contrôles aux frontières. Des officiers de l’agence européenne Frontex, ainsi que des outils technologiques tels qu’un système de détection de mouvement enterré entre la Roumanie et la Serbie et des caméras thermiques, vont être déployés pour surveiller les frontières.

Les progrès accomplis dans ces domaines ont été recensés dans un rapport publié six mois plus tard. À sa lecture, on apprend que la Roumanie recevra 129,77 millions d’euros de l’Union européenne entre 2021 et 2027 pour réguler ses frontières. La Bulgarie qui bénéficiait d’une enveloppe de 193,5 millions d’euros pour la même période, s’est vu allouer 69,5 millions d’euros supplémentaires à partir de mars 2023.

Forte de ce succès, la commission a souhaité aller plus loin avec les deux pays en débloquant il y a un mois 85 millions d’euros supplémentaires pour renforcer la surveillance aux frontières. Parallèlement, Frontex a annoncé jeudi 29 février qu’elle allait tripler le nombre de ses agents aux frontières bulgares, malgré des dénonciations d’abus circulant en interne et révélés par Le Monde et le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN).

Bien que cette admission partielle ne couvre pas encore les frontières terrestres, elle revêt une valeur symbolique. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a qualifié ce moment « d’historique pour l’espace Schengen, le plus grand espace de libre circulation au monde. » Elle a souligné que l’Europe construit « une union plus forte et plus unie pour tous nos citoyens. ».